La première mention d’Hérouvillette date de 1128 sous la forme “Herulsfi Villula” qui signifie “petit domaine d’Herulsfi”. Herulsfi étant un nom d’homme d’origine saxonne. On retrouve ce nom d’Hérouvillette dans une charte de l’année 1130 par laquelle Jourdan de Sées et Luce son épouse donne à l’abbaye d’Aulnay l’église d’Hérouvillette.
Avant 1966, on ne connaissait donc que très peu de choses sur les origines du village. En 1966, la découverte d’un cimetière mérovingien et les fouilles qu’elle entraîne permettent de situer, peut-être, l’origine du village à l’époque du haut moyen-âge (ce cimetière était situé à l’angle de la rue de Verdun et de la rue des Fleurs. C’est en creusant les fondations de ces maisons que la nécropole fut mise à jour. Jusqu’ici, aucune découverte gallo-romaine n’ayant été faite sur le territoire de la commune, il peut en être conclu qu’à cette époque il n’y avait aucun habitat.
Ce cimetière devait grouper quelques deux cents sépultures. Le mobilier funéraire découvert dans les fosses est très intéressant. On y a trouvé des armes, des poteries, un bassin en bronze, un lot d’outils tout à fait exceptionnel, des bijoux, des boucles de ceintures et les accessoires habituels du costume. Quelques-uns de ces objets sont exposés au Musée de Normandie à Caen, dans l’enceinte du château.
Une importante découverte monétaire a permis une datation assez précise de l’utilisation du cimetière de la première
Moitié du VIème siècle à la seconde moitié du VIIème siècle, donc 150 ans au maximum.
Quatre ou cinq générations comptant chacune quarante personnes ont été inhumées à cet emplacement. Il se situait vraisemblablement à l’emplacement du village actuel. L’examen du mobilier funéraire ne révèle aucune trace de christianisation. Par contre, la découverte d’une pièce de monnaie sous le maxillaire inférieur d’un squelette laisse à penser que cette pièce a été déposée dans la bouche du mort. Il s’agit là vraisemblablement du rite de l’obole à Charon (coutume païenne répandue dans l’antiquité gréco-romaine) (d’après la mythologie païenne, les âmes après la mort allaient aux Enfers. Charon nocher, batelier des enfers passait dans sa barque les âmes des morts moyennant une obole. De là, l’usage de mettre une pièce de monnaie dans la bouche des morts avant de les ensevelir)
Les squelettes étudiés sont grêles et de taille moyenne, ils appartiennent au type dit “méditerranéen”.
Certains bijoux trouvés dans les sépultures, les fibules (agrafes servant à attacher les vêtements) et les bractéates (bijoux en or portés en pendentif) ont été fabriqués en Angleterre dans le Kent. Il semble donc qu’il existait des relations entre la population du Kent et le petit groupe habitant Hérouvillette.
Au cours des VI, VII et VIIIème siècles, des Saxons venus de Grande-Bretagne se fixèrent dans le Boulonnais, descendirent en Seine-Maritime, puis dans l’Eure et dans le Calvados. L’arrivée d’un petit groupe de Saxons à Hérouvillette expliquerait l’origine du nom.
Denise LANGRAIS